Le retour de La Rouge

À bâillonner Nombre de messages : 555 Date d'inscription : 04/07/2007

Elle était épuisée. Elle avait peine à croire qu'elle était enfin arrivée. Au loin, à peine les frontières toulousaines franchies, elle avait cherché sur la ligne d'horizon la brique rouge et la vigne folle de sa demeure.
Son coeur battait comme un tambour, tant sa maison lui manquait. Ses amis. Son frère. Aurèle...
Pourtant elle savait que quelque chose allait lui percer leur coeur dès qu'elle passerait le pas de la porte.
D'abord elle porterait instinctivement les yeux au portrait de l'entrée. Puis elle regarderait sa main vide et froide, privée de celle de son chevalier... Lorsqu'elle avait quitté la Rouge Maison, -des semaines auparavant, des semaines... une éternité!- elle sentait la douce chaleur de doigts aimés, serpents tièdes enserrant sa main...
C'était seule qu'elle revenait chez elle, le coeur dolent d'un silence trop lourd, l'âme contrite d'une absurde absence, le corps glacé d'une tendresse oubliée...

Elle n'avait qu'une hâte. Rentrer chez elle pour atténuer la douleur et le manque. Sentir les parfums familiers d'une demeure presque douée d'âme. Effluves presque animales, besoin viscéral, tanière, antre, cocon, nid...

C'est seule qu'elle arrive devant la porte.
Rapide coup d'oeil à l'état général de la bâtisse. Regard circulaire dans la Cour. Pincement de lèvres satisfait. Aurèle est un gamin travailleur.
La main se porte à la poignée, hésite un instant. L'oeil s'allume, le sourire se fait plus large. Les doigts se replient, le poignet se lève.
Quatre phalanges heurtent le bois...

Bavard Nombre de messages : 55 Date d'inscription : 26/10/2008

J'lâche pas la main de Dame Nuit, j'veux qu'elle m'accompagne, comme ça j'suis sûre qu'elle part pas en douce.
J'ouvre la porte et là c'est la surprise! J'serre plus fort la grande main toute fine, j'ouvre ma bouche toute grande, j'arrive pas à parler!
D'vant nous, y'a La Patronne! Pleine de poussière, un peu décoiffée, mais toujours aussi fière, avec du noir dans les zyeux et des lèvres toutes serrées.
Elle baisse ses zyeux sur moi, pis on dirait qu'elle sourit un peu. J'suis content!
Patronne!! C'est vous! Z'êtes rentrée!! Comme ils vont être contents, tous!

Ca tremble dans mon ventre, pis ça r'monte dans mes bras. J'lâche la main d'Dame Nuit, pis j'prends La Patronne par la taille, j'la serre fort, j'suis content!!

Dame Nuit, elle est un peu derrière, elle doit pas comprendre...

Discret Nombre de messages : 22 Date d'inscription : 14/11/2008

Elle avait couru derrière Aurèle, le cœur battant, saisie d'une excitation qu'elle ne comprenait pas. Elle sentait confusément qu'elle s'attachait au garnement et en était troublée plus qu'elle ne l'aurait cru.

La porte s'ouvrit sur une voyageuse, dont les yeux noirs reflétaient la fatigue mais également un je ne sais quoi de triste solitude qui aurait pu lui rappeler son propre regard si la couleur en était plus proche.

C'est alors que l'enfant retrouva la parole:

"Patronne!! C'est vous! Z'êtes rentrée!! Comme ils vont être contents, tous!"

Elle regarda Aurèle la serrer dans ses petits bras avec émotion et joie, détournant le regard par pudeur et respect pour l'enfant, et les sentiments qu'il éprouvait pour cette femme qui, elle l'avait bien comprit, ne pouvait-être que la maîtresse des lieux.
Elle les laissa à leur retrouvailles, attendant pour saluer son hôtesse ...

À bâillonner Nombre de messages : 555 Date d'inscription : 04/07/2007

Elle n'avait pas su quoi faire quand le gosse lui avait sauté dessus. Elle avait juste levé les bras, impuissante et incapable de rendre ce geste tendre. Une femme derrière le minot semble gênée, pas autant que La Rouge qui la supplie du regard.
Elle n'a pas l'habitude que les enfants l'aiment, elle qui ne les aime pas. Pourtant elle croit qu'il l'aime, ce morveux, elle croit qu'elle-même... Hum...

Elle ne parvient pas à repousser Aurèle qui semble englué à son velours poussiéreux. Elle est là, nigaude, les bras en l'air, suppliant de son regard sombre, l'azuré qui est en face d'elle.

Heu... Dame?... Je ne crois pas avoir le plaisir de vous connaitre...

Discret Nombre de messages : 22 Date d'inscription : 14/11/2008

Elle sourit à Aldara, comprenant l'embarras qui la saisissait ... Ce petit était vraiment très attachant.

"Demat dame Aldara, nous ne nous sommes croisées qu'une seule et unique fois en taverne à Castelnaudary, il y a bien longtemps."

Elle la salua d'un gracieux signe de tête

"Je suis Lastree, une amie de Gr..."

Elle faillit dire "De Grandpas", mais se mordit la langue, ce dernier l'avait trop profondément blessée pour qu'elle puisse le considérer comme tel à présent.

" ... de Lilas. J'ai profité de votre hospitalité et ai été reçue comme une princesse par ce jeune homme et votre frère."

Elle montra le jeune Aurèle du menton en souriant

"Je suis ravie de pouvoir vous remercier de vive voix, j'aurais été navrée de partir sans l'avoir fait. Votre demeure est très agréable, elle doit vous manquer lorsque vous êtes au loin..."

Invité

J'entends du bruits en bas. Je me demande bien ce qui se passe. Papa, il a pas dormi dans la chambre. Je sais qu'il est contrarié. Je me lève, je vais me passer de l'eau sur le visage. Brrrrrr!!! Elle est froide. Je m'essuie le visage et je m'habille en vitesse. Pis je sors de la chambre. J'écoute du haut de l'escalier. J'entends des voix, mais il n'y a pas celle de mon Papa. Je descends quelques marches et je vois deux dames dans l'entrée.

Elles ont toutes les deux les cheveux noirs. Et puis, il y a le garçon. Je sais que mon Papa lui apprend à lire. C'est mon Papa qui me l'a dit. Je descends encore et je me retrouve en bas. Je m'avance vers les gens. J'attends que les dames se disent bonjour en restant un peu derrière. Et pis je m'avance encore. Je me dirige vers la dame qui vient d'arriver. Aurèle est toujours accroché à elle. Je me doute que c'est ma tata Aldara.

Je me dirige vers elle, je fais un signe de la tête à l'autre dame. Elle est très jolie avec ses longs cheveux noirs et ses yeux bleus. Je me poste devant ma tata et je la regarde de mes yeux verts.

Bonjour tata Aldara. Je suis Rosa. Vous avez fait un bon voyage?

Je la regarde dans ses grands yeux noirs et je lui tends la main. Papa m'a dit qu'elle n'aimait pas trop les enfants. Moi, je vois une dame fatiguée. Et pis, elle est toute sale avec le voyage. Moi, je la trouve très belle ma tata. J'aime beaucoup son médaillon sur le front. Peut-être qu'elle voudra me le prêter. J'attends patiemment que ma tata me dise bonjour.

À bâillonner Nombre de messages : 555 Date d'inscription : 04/07/2007

Le front de La Rouge se crispe à l'évocation de Lilas. Ainsi cette dame est une amie de cette... Hum. Dommage, elle avait l'air fort sympathique. Mais soudain Aldara est moins encline à lui sourire. Forcément.
Votre... amie est partie je crois. Du moins je l'espère. Elle n'était plus la bienvenue icelieu. Je la tolérais car elle était l'aimée de mon frère Aragorn, que vous avez peut-être vu ici, mais je ne lui ai jamais fait confiance. Et j'avais raison je crois... Je suis navrée si je vous choque, je n'ai pas pour habitude de mâcher mes mots. Je suis étonnée pourtant... Mon flair me dit que vous n'êtes pas de sa trempe... Que vous soyez son amie me surprend...

Et ce gosse qui ne la lâche pas! La Rouge parle, les bras toujours en l'air quand une petite fille aux cheveux sombres fait son apparition.
Avec élégance, elle s'adresse à Aldara:
"Bonjour tata Aldara. Je suis Rosa. Vous avez fait un bon voyage?"

Aldara en frissonne. "Tata Aldara"... Beuuuuuurrrkkk Mais quelle horreur!! Mais qui est cette minotte qui vient de lui flanquer un demi-siècle dans la figure?!
Du regard, elle appelle à nouveau au secours la dame au regard si profond. A moins qu'elle ne soit dans le coup elle aussi...

Discret Nombre de messages : 22 Date d'inscription : 14/11/2008

Elle réfléchit aux paroles d'Aldara, voyant bien à son air dédaigneux tout le bien que cette dernière pensait de Lilas et lui répondit:

"Mon amie elle l'était en effet, sinon je n'aurais pas fait tout ce voyage depuis la Bretagne pour la soutenir ... Mais elle est partie sans même m'en aviser, et je ne cesse depuis de me demander ce qui a pu lui inspirer un tel manquement.
Quand à ce qui est de me choquer, il m'en faudrait bien plus rassurez-vous, j'aime les gens francs et honnêtes, même si leurs paroles doivent blesser sur le moment ... Je les préfère mille fois aux serpents qui avancent sans bruits, mielleux et hypocrites qui tente de vous bercer de Chimères pour mieux vous étouffer dans votre sommeil ..."

C'est alors que la jeune demoiselle fit son apparition.
Son cœur se serra lorsqu'elle se présenta à Aldara, elle crispa la mâchoire tentant de contrôler ses émotions. Tous ces projets étouffés dans l'œuf, quel gâchi!

La présence de cette enfant lui rappela qu'elle n'avait pas sa place ici et qu'une fillette l'attendait, là-bas, en Bretagne. Elle ne devait pas la décevoir, il serait bien assez douloureux déjà de lui expliquer certaines choses.

"Mais je vois que c'est une réunion de famille, je m'en voudrais de gâcher vos retrouvailles ... Une longue route m'attend."

Elle se pencha vers le jeune Aurèle et posa sa main sur son épaule pour le faire se retourner et ainsi libérer la maîtresse des lieux d'une étreinte, qui semblait la bouleverser plus qu'elle n'aurait voulu se l'avouer.

"Jeune homme ... J'ai grâce à vous passé un excellent séjour en ces lieux, votre maîtresse à de la chance de vous avoir à ses côtés pour la seconder ... Quand à votre lecture, elle est bien meilleure que celle de bien des personnes que j'ai pu croiser, même des grandes personnes ... Persistez, vous y êtes presque."

Elle eut à son égard, un sourire empli de tendresse et se dépêcha de détourner son regard gris qui commençait à s'embuer. Elle salua la fillette d'un signe de tête un peu raide cherchant à éviter ce regard vert qui lui en rappelait un autre puis, se tournant vers Aldara, la remercia une dernière fois:

"Merci encore pour votre hospitalité, j'espère que vous ne me jugerez pas trop mal, ni trop vite, je vais récupérer ma monture aux écuries et vais prendre congé de vous."

Invité

Je suis à côté de ma tata, la main toujours tendue. Elle me regarde avec de grands yeux. Ben c'est normal, elle me connaît pas encore. C'est la première fois qu'on se voit. Pis l'autre dame, elle parle à ma tata. Elle veut partir. Pourtant, on est bien dans la maison de ma tata. Et puis, elle est grande. Il y a de la place pour elle aussi. Moi, je la trouve jolie la dame.
Pis elle parle au garçon aux cheveux roux. Elle lui dit qu'il se débrouille bien pour lire. Ben forcément, c'est mon Papa qui lui apprend. Tssssssssss!!! Elle sait pas tout la dame. Et pis elle dit merci à ma tata Aldara pour son os pite alité. Je sais pas trop ce que c'est. Mais ça doit être très bien.

Je tourne de nouveau la tête vers ma tata. Aurèle n'est plus collé à elle. Alors je m'approche et à mon tour, je lui fais un câlin. Je la serre autant que je peux de mes petits bras. Elle sent la pluie. Ben c'est un peu normal, il a pas arrêté de pleuvoir toute la journée. Mais je reste collée à elle. J'attends qu'elle me dise quelque chose. D'après Papa, elle n'est pas muette. Elle parle même beaucoup. Je décide de parler alors puisqu'elle ne dit rien.

Je suis Rosa. Et vous, vous être ma tata Aldara. Papa m'a dit que vous alliez venir. Mais Papa, je sais pas où il est. Je suis certain qu'il va être content de vous voir. Si vous voulez, je vais aller le chercher.

Je reste toujours contre ma tata. J'attends qu'elle me réponde.

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