Aldara ne comprend pas tout dans ce Comté tout neuf. Un Comté coloré pourtant, rouge presque. Rouge comme elle. Entre noir et rouge, on finirait par l'appeler la Rose, sans doute. Qu'elle est loin de son pays, la Rouge; il lui manque un peu. Maintenant, son païs c'est Toulouse... Ô Toulouse... Les gens d'ici ont un accent plein de soleil, sur leur langue roule un torrent de cailloux, alors que le fleuve Garonne chante, chante, chante sous les feuillages. Elle l'aime ce pays, où l'eau verte du Canal du Midi bruisse, glisse, file comme le vent du Sud. La violence qu'on perçoit jusque dans ses violettes parle au coeur de la Rouge, bat dans sa poitrine comme un tambour, cogne comme la castagne. Ici,on voit surtout du rouge, du rouge sang, sang, sans trêve ni repos...
Bah, elle s'égare la Rouge, elle secoue la tête, revient à elle, pose son regard sur la brique rouge des Minimes. Elle voit au loin un clocher, fleur de corail que le soleil arrose, il tinte sous la lumière, il tinte à ses oreilles. Elle soupire, ferme les yeux. Ce païs sera le sien oui, Ô Toulouse...