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 Expédition punitive: Acte Second

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Aldara
À bâillonner
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Aldara


Nombre de messages : 555
Date d'inscription : 04/07/2007

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MessageSujet: Expédition punitive: Acte Second   Expédition punitive: Acte Second Icon_minitimeDim 27 Jan - 18:55

Bouzi rejoint seul le village, abandonnant les amants terribles à leurs étreintes et à leurs confidences. Il comprend bien que Crategos désire
réconforter sa belle après l’élimination de Meurtsauf. Ce sont là des situations qui ne se présentent pas tous les jours …
Durant un moment, il est tenté de rebrousser chemin, et d’observer leur attitude vis à vis du moribond. Mais non, finalement, c’est inutile, la mort du violeur semblera naturelle, et ils vont pouvoir s’occuper du suivant sur la liste, sans avoir éveillé de soupçons.
La route est déserte jusqu’à l’entrée du hameau. Avec sa hache posée sur l’épaule, il a de toute manière l’aspect d’un bûcheron revenant de son labeur quotidien.
Bouzi presse le pas en direction de la forge. Ainsi qu’Aldara le pressentait, Astrion paît un coin d’herbe rare à proximité de l’atelier du maréchal ferrant. Bouziguot se saisit des rênes, et flatte un instant l’encolure du noble animal. Non loin de là, la boulangerie où Aldara avait recueilli quelques renseignements avant de rejoindre la forêt …
Le jeune homme gagne la devanture de la boutique, et de délicieuses odeurs de pain frais viennent caresser ses narines. Il attache la monture à une barrière, juste en face, achète une miche croustillante et dorée, sortant du four, et la déguste, assis contre le mur, attendant l’arrivée de ses deux compagnons.
**********
Il fait beau, en ce glacial matin d'hiver, j'aime ce temps sec et froid, qui colore les joues et le nez de rouge. Comme chaque matin, j'arrive sur la place du marché de mon petit village, salue les maraichers, le forgeron qui fait déjà résonner son enclume, la grosse boulangère qui alpague le client sur les marches de son échoppe. Un paysan m'accoste, alors que je fourre mes mains dans mes manches fines: "Bonjour mon Père. Comment qu'ça va, là-haut? Z'avez pô b'soin d'oeufs ou d'légumes, que j'vous les monte? Z'êtes si isolés, c'est pas Dieu possib'... Pardon mon Père, j'veux point blasphémer"
Je souris, posant sur son épaule une main rassurante.
"Ne t'en fais pas mon fils, je sais que tes intentions sont bonnes. Et merci pour ta proposition, je suis justement descendu pour remplir les réserves du monastère. Il me faut... des fèves, des lentilles, des choux... et puis un peu de viande."
Je tâte, dans la poche de ma soutane, les quelques pièces offertes par les villageois généreux bien que pauvres.
Comme chaque matin, je commence à déambuler entre les étals, saluant une mère et son bébé emmitouflé, donnant un écu à un cul de jatte, un sourire compatissant vissé sur le visage.
Je remarque que le maréchal-ferrant a un nouveau pensionnaire, une bête
superbe, aux flancs musclés et aux naseaux fumants. De l'animal monte une vapeur chaude qui indique qu'il vient de parcourir plusieurs lieues d'une traite.
Je souris à nouveau, me remémorant mes années de cavalcade, auprès de mes amis, nobles gens de cette terre...
Alors que j'arrive devant la boulangerie, je vois un homme, que je n'ai jamais vu, une hache sur l'épaule, dévorant avec entrain une belle miche de pain dorée. Je m'approche de lui, le visage ouvert, sortant déjà ma main de ma manche: "Bonjour à toi, mon Ami, et bienvenue à Loches! Je connais tout les villageois et, si je ne m'abuse, tu es nouveau. Qu'Aristote guide tes pas sur le chemin de la Vie, il t'a déjà mené jusqu'ici, c'est un bon début!"
**********
Interrompu pendant son austère repas, Bouzi jette un œil noir à l’importun. Un père … Aristote ou pas Aristote, quelle importance, Bouzi n’apprécie pas d’être dérangé pendant qu’il mange et se repose.
Et toutes ces fadaises, ce prêchi-prêcha, l’intéressent fort peu.
Entre deux bouchées, il se force néanmoins à répondre, plus pour tuer le temps que par amabilité, étant donné que ses deux compagnons mettent un sacré moment avant de le rejoindre au village. Il commence à s’inquiéter un peu, d’ailleurs ! Pourvu qu’Aldara et Crategos n’aient rencontré aucune difficulté avec la horde de chasseurs et leurs chiens.
Oui, mon père, je suis nouveau … Bûcheron dans la forêt domaniale de Loches.
Il adresse un regard narquois au représentant de l’Eglise, qui semble désireux de poursuivre cette conversation vraiment passionnante.
Et je ne compte pas me confesser, ce serait beaucoup trop long, et j’ai encore du travail, moi …
**********
Je souris avec compassion. L'homme est un peu rustre, il est vrai, mais toute âme est bonne et peut être conduite vers Christos. Je lui tend la main, attrape la sienne et la lui serre, crispant un peu mes doigts néanmoins à l'évocation de la forêt domaniale, théâtre de mon pêché le plus inavouable.
"Bûcheron... Quel noble métier... Je me nomme Anthelme, je suis pensionnaire du Monastère de Saint Ours, sur les hauteurs de Loches. Si tu as faim ou besoin d'une litière, monte donc nous rendre visite, la porte du monastère est toujours ouverte à ceux qui en ont besoin. Quel est ton nom, noble bûcheron?"
Tout en parlant, j'observe le visage tanné de l'homme, les hardes loqueteuses, la barbe épaisse et peu soignée. Moi, je n'ai jamais connu le travail physique, qui bande les muscles et fait perler le front. Mon corps chétif, à présent voué à Aristote, ne serait sans doute pas capable de réaliser le travail de cet homme. Je l'envie un peu... avant d'égrainer mon chapelet, pendu à la cordelette de ma robe de bure. Mes doigts fins et diaphanes se referment avec douceur sur la grosse main caleuse de l'inconnu, dont je ne sais toujours pas le nom.
**********
C’est de la glu, ce type, pense Bouzi lorsque le saint homme lui prend la main et continue à lui parler à voix basse … Il va s’en prendre une s’il ne me lâche pas la grappe !
Mais soudain, le casse-pieds se présente … Anthelme, pensionnaire du Monastère de Saint Ours.
Bouzi réussit à ne laisser paraître aucune stupeur, aucune émotion.
Il ne sourcille même pas, mais au fond de lui il jubile ! C’est bien ce nom que Meurtsauf a prononcé durant son agonie. Est-ce le hasard, la chance, ou bien une manifestation divine, cette rencontre inattendue ?
Le voilà donc, cet odieux personnage. Il ne faut pas le laisser s’en aller à présent, il faut temporiser, permettre à Aldara et à Crategos de rejoindre le village, et de décider du sort de cet individu malfaisant.
Un sourire apparaît par magie sur le visage fatigué de Bouziguot.
Il se redresse, essuie de sa main libre la poussière incrustée à ses braies, et se présente à son tour, donnant cependant une fausse identité … un vieux réflexe de prudence …
Enchanté, mon père, je suis Gaspard, bûcheron venant d’un village voisin, où le travail venait à manquer.
Votre offre d’une litière est particulièrement généreuse, mais je ne suis pas seul à Loches. J’attends un couple d’amis, qui ne devraient d’ailleurs pas tarder. Votre bonté irait-elle jusqu’à les accueillir également, s’ils sont comme moi à la recherche d’un toit ?
Sans cesser de parler, Bouzi jette un regard inquiet en direction de la forêt. Mais qu’est ce qu’ils me fabriquent, ces deux-là ?

**********
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