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 Le plus grand des amours

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Aldara
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Aldara


Nombre de messages : 555
Date d'inscription : 04/07/2007

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MessageSujet: Le plus grand des amours   Le plus grand des amours Icon_minitimeVen 10 Aoû - 0:54

Au cours de son voyage, qui la mena jusqu'à Cosne, Aldara ramena un petit livre de contes, dont un qu'elle affectionnait particulièrement: Le plus grand des amours.
Elle l'avait trouvé sur un marché et, le feuilletant, décida de l'acheter pour le ranger dans sa belle bibliothèque. Aujourd'hui qu'elle y entrait enfin, elle caressa le petit livre aux pages cornées et l'ouvrit. Souriant, elle s'assit par terre et commença à lire:


Il était une fois, un roi qui avait trois filles, qu'il chérissait plus que tout au monde. Un jour, il les fit se présenter à lui et leur demanda:
Mes filles chéries, aucune d'entre vous ne dépasse les autres, je vous aime toutes trois d'un amour immense et incommensurable... Mais, le temps me rattrape et bientôt, je devrais décider laquelle de vous prendra ma place le jour de ma mort. J'ai donc une question et une seule à vous poser, celle qui saura y répondre montera sur le trône le jour même de mon dernier souffle. Voici ma question: Si vous m'aimez, à quoi compareriez-vous cet amour?
Je vous laisse quelques jours de réflexion.



Les trois jeunes filles réfléchirent.
Quelques jours plus tard, la plus âgée, sûre d'avoir la meilleure des réponses, revint vers son père:
Mon cher et tendre père. Je vous aime. D'un amour infini. Mon amour pour vous est plus précieux encore que le plus pur des diamants. Sans lui, je ne pourrai survivre, comme nous ne pourrions survivre sans diamant.

Le roi écouta et dit:
Très bien. Je vais donc retirer du royaume tous les diamants et nous verrons.

Il fit donner l'ordre de fermer toutes les mines de diamants du royaume et de faire ramener tout ce qui, de près ou de loin, pouvait ressembler à un diamant.
Quelques mois passèrent. Des plaintes commencèrent à lui parvenir: les dames se plaignaient que leurs galants n'avaient plus rien à leur offrir, les joailliers de ne plus avoir de travail, les mineurs de ne plus pouvoir nourrir leurs familles. Puis, petit à petit, les galants trouvèrent d'autres présents à faire à leur belle, les joailliers, d'autres pierres à monter, les mineurs, d'autres mines à exploiter. Au bout de quelques mois, la vie reprit son cours.

Le roi convoqua son aînée et lui dit:
Ma fille, ton amour est grand, mais il n'est pas assez grand. Je te remercie mais ne te cache pas que je suis un peu déçu. Les diamants sont en effet fort précieux, mais ils sont remplaçables; mon amour pour toi ne l'est pas.

La fille aînée se retira, attristée par les paroles de son père.

La cadette vint alors se présenter devant son père:
Mon cher et tendre père. Je vous aime. D'un amour infini. Mon amour pour vous est plus précieux encore que tout l'or du monde. Sans lui, je ne pourrai survivre, comme nous ne pourrions survivre sans or.

Le roi écouta et dit:
Très bien. Je vais donc retirer du royaume tout l'or qui existe et nous verrons.

Il fit donner l'ordre de fermer toutes les mines d'or du royaume, de cesser de frapper la monnaie et de lui faire parvenir tout ce qui, de près ou de loin, pouvait ressembler à de l'or.
Quelques semaines passèrent. Les plaintes se firent plus rapides et plus virulentes. Toute la population était touchée par la pénurie d'or. Les marchands ne pouvaient plus vendre, le peuple plus acheter, une famine commença à décimer le royaume... Puis, petit à petit, les gens échangèrent les denrées plutôt que de les payer contre monnaie sonnante et trébuchante. Au bout de quelques semaines, la vie reprit son cours.

Le roi convoqua sa cadette et lui dit:
Ma fille, ton amour est grand, mais il n'est pas assez grand. Je te remercie mais ne te cache pas que je suis un peu déçu. L'or est en effet fort précieux, plus précieux que le diamant, mais il est remplaçable; mon amour pour toi ne l'est pas.

La fille cadette se retira, attristée par les paroles de son père.

La petite dernière s'approcha timidement de son père. Ce dernier avait une tendresse particulière pour cette jeune fille timide et aimante. Elle s'avança, s'éclaircit la voix et dit:
Mon cher et tendre père. Je vous aime. D'un amour infini. Mon amour pour vous est plus précieux encore que tout le sel du monde. Sans lui, je ne pourrai survivre, comme nous ne pourrions survivre sans sel.


Le roi écouta , fut fort surpris, et dit:
Du sel? Es-tu sûre ma fille? Voilà une denrée bien commune et fort bon marché...Très bien. Je vais donc retirer du royaume tout le sel qui existe et nous verrons.

Il fit donner l'ordre de fermer toutes les mines de sel du royaume, de ne plus assécher les marais salants et de lui faire parvenir tout ce qui, de près ou de loin, pouvait ressembler à un grain de sel.
Quelques jours passèrent. Très vite, les gens se plaignirent. La nourriture n'avait plus aucun goût, la viande et le poisson ne pouvaient plus être conservés, les chaussées devinrent glissantes...
Chaque jour, de terribles nouvelles parvenaient au roi: tel était mort d'avoir consommé de la viande avariée, tel avait été renversé par un cheval glissant sur la chaussée, le peuple s'affaiblissait, n'ayant plus goût à la nourriture fade... La révolte grondait.

Le roi fit convoquer au plus tôt sa benjamine et lui dit:
Ma chère enfant. Ton amour pour moi est grand, et jamais je n'aurais du en douter. Le sel en effet la denrée la plus précieuse que la terre ne nous ai jamais donnée. Sans elle, aucune vie n'est possible... Tu es donc celle à qui revient mon trône, sans discussion possible.

La jeune fille secoua alors la tête et répondit:
Mon cher père, si vous mourriez, alors mon âme s'éteindrait avec vous, tant mon amour est grand. Je ne veux de votre trône, je veux juste rester à vos côtés, jusqu'à la fin des temps...

(...)

Aldara referma doucement le livre, sur lequel avait coulé une larme silencieuse.
Quel joli conte...
Elle se releva, glissa le livre parmi les autres et dit, pour elle-même:
Connaitrais-je à nouveau le goût du sel sur mes lèvres?...
Elle sentit alors une larme couler sur le bord de sa bouche, la goûta et pensa:
Oui, mon propre sel...
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